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Orientafriko
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  • Production et échange d'analyses politiques, de carnets de voyages et d'informations pratiques concernant la Corne de l'Afrique - Djibouti, Somaliland, Puntland, Somalie, Kenya et autres - pour les chercheurs, les curieux et les voyageurs.
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10 mars 2012

Vendredi 9 mars - Journée d'abondance pour fêter une semaine au Somaliland

Commençant à voir le fond de ma bourse je profite de la relative fraîcheur de la matinée pour aller en ville pour aller faire du change. Je fais tout de même un rapide calcul des frais incompréhésibles qu'il me reste à régler : taxi jusqu'à l'aéroport, taxe de sortie du pays (et oui, ici on paye son visa, une taxe d'entrée et une taxe de sortie, il faut bien faire rentrer du dollars dans les caisses quand on imprime une monnaie qui n'est reconnue par personne), visa pour Djibouti (50 euros, que vous restiez deux jours ou un mois), taxi à nouveau, hôtel puis taxi une dernière fois avant de quitter l'Afrique, soit un total de 200 billets verts. Doux jésus, il me reste 150 dollars pour 22 jours, on est large !

Il existe un concept intéressant au Somaliland, l'absence complète de banque. Ce détail est compensé par un nombre incalculable de sociétés et d'agents privés assurant le transfert d'argent depuis et vers la plupart des pays du monde. La France qui n'était pas encore desservie il y a quelques temps devrait maintenant pouvoir utiliser le réseau de Western Union. Pour ce qui est du change comme dans tous les pays où l’État est un peu faibles, ce qui me rappelle d'ailleurs des souvenirs de Budapest où c'est la mafia vous accueille à la sortie du train, le réflexe est d'éviter les agents de change officiels au profit des courtiers locaux. Au Somaliland, c'est même une question de survie puisque l’État vous offre 3600 shillings pour 1 dollars alors que les nombreux changeurs d'Hargeisa vous en offrent 6000 ; du simple au double. Un second concept intéressant est celui du bureau de change à ciel ouvert et en pleine rue. Outre les innombrables « petits » changeurs disposés tous les 25 mètres sur les trottoirs des rues principales et qui vous attendent assis sur une chaise en plastique disposée à l'ombre et derrière un petit casier métallique ajouré où ils gardent leurs liasses, vous pouvez également trouver des « professionnels » du change qui apportent leur marchandise le matin à l'aide de brouettes et s'érigent de véritables murets de billets à même le sol. En général, ces « gros » changeurs se regroupent par petits groupes dans les rues perpendiculaires aux rues principales, la où le passage est tout de même un peu moins dense. A vue de nez tant les piles de billets sont impressionnantes, je pense que chacun d'eux doit disposer d'environ 5000 dollars, voir plus. Je ne sais pas s'il existe un système de protection privé pour ces stands mais, s'il y en a un, il est particulièrement discret. Je n’aperçois pas non plus de policiers ou de militaires dans les environs. Pour un pays qui est encore perçu comme instable sur la scène internationale, la scène est tout bonnement irréelle. Pour les somalilandais, il n'y a plus rien de plus normal.

Je tends donc un billet de 50 dollars américain, qui reste la monnaie la plus courante et la plus appréciée ici même si on me dit que l'euro est de plus en plus accepté par les changeurs des rues. On me demande quelle monnaie je souhaite recevoir : franc djiboutien, shilling somalilandais, shilling somalien, birr éthiopien ou encore riyal saoudien. La curiosité me pousse presque à dire : « Un peu de tout » mais je demande finalement une liasse de 120 billets de 5000 shillings somalilandais que mon intermédiaire compte à une vitesse incroyable avant de l'entourer d'un élastique.

Fort de mon pécule, je files fêter l'abondance monétaire en allant m'offrir un bon plat de viande accompagnée...de pâtes, oui bon, pour ça, même avec beaucoup de sous je crois qu'on ne peut pas y couper. Ici, il est possible de manger de la viande à partir de 9 heures environ alors que les derniers morceaux seront vendus aux alentours de 12h30. Plus tard, il faut compter sur la chance ou se contenter de viande hachée, en général un mélange (beaucoup) trop cuit de mouton et de mauvais morceaux de chameau. C'est définitif, le fast-food n'a aucun avenir en Somalie puisque ma pièce de chameau rôti et son accompagnement arrivent chauds en moins d'une minute. Et point positif, le chameau, c'est bon ! Pour celles et ceux qui n'auraient pas encore eu l'occasion de goûter, ça ressemble beaucoup à la viande que l'on utilise dans le pot-au-feu par contre, petit conseil non numéroté car hors-catégorie, je ne vous recommande vraiment pas la sauce « chilly willy ». Principalement composée de vinaigre blanc, elle vous anesthésie la langue, le goût et le plaisir de manger ; heureusement que je ne l'ai goûtée que sur la fin du repas. L'addition s'élève à 15 000 shillings, soit 2 dollars et 50 cents, ce qui est très raisonnable pour de la bonne viande, même en Somalie.

Pour conclure cette journée de plaisirs gustatifs et d'abondance financière, je m'offre un petit coca dans la cafétéria située juste à côté de mon hôtel. La tenancière est particulièrement agréable et, même si les prix sont légèrement plus élevés qu'ailleurs en ville, l'établissement est propre et l'atmosphère y est plus conviviale. Petite spécificité locale, il existe quatre tailles de Coca-Cola ici. Outre les grandes bouteilles de 2L et de 1L5 et la petite de 50cL que l'on connaît en France, l'usine Coca-Cola récemment ouverte aux abords de la ville produit également des bouteilles de 30cL reconnaissables à leur bouchon jaune alors que les bouteilles importées arborent le traditionnel bouchon rouge. Ce n'est plus un secret, même si je me suis renseigné avant de divulguer l'information, cette usine a pu voir le jour notamment grâce au soutien de l'Agence Française de Développement ; je trouve l'information du soutien français à l'expansion commerciale américaine en Afrique de l'est assez cocasse pour ma part.

Je remarque cependant que, contrairement à Djibouti où l'on boit beaucoup de sodas, les somalilandais semblent de loin préférer l'eau du « robinet » et, à l'heure du repas, des sortes de granités passés au mixer et aromatisés...auxquels j'aimerais beaucoup pouvoir goûter si mon statut d'occidental prompt à attraper toutes les bactéries des alentours ne me déconseillait fortement de boire le breuvage.

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